Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/09/2016

Ô l’amour d’une mère !

 

 

Qui est la plus odieuse ? Maggie (Catherine Salviat), la mère tyrannique et scélérate ou sa fille indigne Maureen (Sophie Parel) qui la brutalise, et la tue ?

L’amour maternel chez Martin McDonagh n’a rien d’une vision romantique et Victor Hugo, Alfred de Musset, André Maurois, Romain Gary et Albert Cohen doivent se voiler la face !

L’amour d’une mère ? Un mythe !

Dans La Reine de beauté de Leenane, la vieille Maggie trouve normal que sa fille Maureen s’occupe d’elle. Théâtre, théâtre du Lucernaire, Martin McDonagh, Catherine Salviat, Sophie ParelLui en est-elle reconnaissante ? Pas du tout, elle se plaît à la mortifier, la contrarier, la moquer, détruire ce qui aurait pu lui apporter un peu de joie. Elle va sciemment empêcher sa fille d’être heureuse. Pat Dooley (Gregori Baquet), l’amoureux de Maureen et son frère Ray Dooley (Arnaud Dupont), maladroit « go-between », nouent le drame jusqu’à l’irréparable. 

Théâtre, théâtre du Lucernaire, Martin McDonagh, Catherine Salviat, Sophie ParelCe duel effrayant est admirablement mené entre une Catherine Salviat surprenante en vieillarde rusée et méchante, et Sophie Parel belle jeune femme sensuelle qui semble faite pour aimer. La rage qu’elle ressent devant l’injustice faite mère, elle la communique au spectateur. Elles sont sublimes ! Gregori Baquet joue avec finesse l’amoureux platonique et Arnaud Dupont compose un adolescent pas futé avec beaucoup de justesse.

Sophie Parel dirige ses comédiens avec rigueur dans un décor de Philippe Varache, qui signe aussi les costumes.

 La cuisine de ce bourg perdu du Connemara devient un huis clos infernal, la reine de beauté perd ses dernières illusions, tout amour est piétiné et sali, et pourtant… on rit des vacheries qu’elles se balancent, des mensonges qu’elle échafaudent, des vérités qui ne sont pas bonnes à dire. Gildas Bourdet qui avait traduit et   créé la pièce, en 2003, en restitue l'humour noir au vitriol.

Nous sommes complices de la férocité de McDonagh.

Et pourquoi ne faudrait-il pas dépoussiérer les mythes ?

 

 

 

 

Photos © David Krüger

 

 

La Reine de beauté de Leenane de Martin McDonagh

Traduction de Gildas Bourdet (Avant-Scène théâtre N° 1135)

 

Théâtre du Lucernaire

01 45 44 57 34

Du mardi au samedi à19

Dimanche à 15 h

Mise en scène de Sophie Parel

www.lucernaire.fr

 

 

07/04/2016

Quitter l’île de la cancrerie

 

 

Théâtre, livre, théâtre du Lucernaire, Daniel Pennac, Bernard Crombey« Quand il n’était pas le dernier de sa classe, il était l’avant-dernier ». On le croyait un cancre. Et il regardait avec résignation son « enlisement.  »

D’où lui venait sa « cancrerie » ? Car sa famille, de bonne situation sociale, l’aimait tendrement. Il n’avait ni tare, ni maladie, et ses frères réussissaient brillamment. Il a suffi d’un professeur de français psychologue, puis d’un prof de maths génial, d’un prof d’histoire passionnant, et d’un prof de philosophie qui savait éveiller les consciences, pour que le cancre, qui faisait des blagues et ne comprenait rien avec la tête, dise « oui avec le cœur. »[1]

Et c’est ainsi que Daniel Pennac devint maître ès lettres, puis professeur, et enfin l’écrivain que nous aimons et que tous les cancres connaissent puisque dans la plupart des collèges, on étudie maintenant son livre : Chagrin d'école.

Belle revanche pour l’élève que « l’île de la cancrerie » isola si longtemps de ses camarades ! 

Bernard Crombey adapte le roman, construit et interprète un spectacle sensible et souriant qui devrait ravir non seulement les enseignants à bout de méthodes, mais également les élèves désemparés qui se sentent devenir des « décrocheurs ».

Dans un espace en demi-cercle limité par des chaises et centré sur un énorme pupitre scolaire, Bernard Crombey, d’abord mauvais élève, puis professeur inquiet, leur donne une belle leçon d'amour.

 

Rencontre avec l’équipe, vendredi 8 avril après la représentation.

 

 

 

Le Cancre d’après Chagrin d'école de Daniel Pennac

Adaptation de Bernard Crombey

Théâtre du Lucernaire

Du mardi au samedi à 21 h

01 45 44 57 34

 

 

 

 

 

[1] - Prévert Jacques, Le Cancre, Paroles.

21/03/2016

He wants to be

 

Théâtre, théâtre du lucernaire, Charlotte Rondelez, Il existe des personnages qui continuent de vivre même lorsque l’auteur les a assassinés, des personnages qui refusent de mourir. Ainsi, Hamlet, avec To be Hamlet or not, un comédie de Charlotte Rondelez créée au festival d’Avignon 2012, jouée ensuite au Poche-Montparnasse et que le Lucernaire reprend aujourd’hui pour notre plus grand bonheur…

Hamlet (Harold Savary) ne veut plus de tragédie. Il ne veut plus entraîner dans la mort, sa mère (Pauline Devinat), son meilleur ami Laërte (Julien Le Provost), son oncle Claudius (Cédric Villenave) Polonius, le père de la belle Ophélie (Pauline Devinat),  laquelle s’est suicidée. Plus d'alternative : "to be or not to be", Hamlet wants to be.

Mais comment faire, puisque l'auteur, Shakespeare est mort depuis quatre siècles ? Heureusement, la littérature propose de l’aide : un certain Pip matelot à bord du baleinier Pequod dans Moby Dick d’Herman Melville, affirme que c’est possible… Opinion confirmée par le Chat du Cheshire tout droit sorti d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll.

Et Godot dans tout ça ? Lui qu’on attendait déjà du temps du Faiseur  de Balzac, n’est-il pas las de faire croquer le marmot aux comédiens qui l’attendent toujours « ailleurs » ? Et cette Lydie Höderling, échappée d’un livre envoyé au pilon, que fait-elle dans notre réalité?

Là n’est pas la question…

Charlotte Rondelez croise les époques, mêle les histoires, mélange les genres, sans perdre ses comédiens, virtuoses de la transformation. To be Hamlet or not est avant tout une histoire de comédiens, réunis par la volonté de Charlotte Rondelez, metteur en scène et auteur, sur un plateau octogonal de bois clair, avec quelques éléments de costumes et quelques accessoires.

On s’amuse beaucoup, l’imagination est reine. Dans notre royaume pourri, ça rassure de trouver quelque chose de vivant !

To be or not Hamlet de Charlotte Rondelez

 

Théâtre du Lucernaire

01 45 44 57 34.

Du mardi au samedi à 19 h

Dimanche à 15 h